Taxe Zucman : un impôt plancher sur le patrimoine des ultra-riches en France
Le 20 février 2025, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture la taxe Zucman, une mesure visant à instaurer un impôt minimal sur le patrimoine des ultra-riches. Inspirée par les travaux de l’économiste Gabriel Zucman, cette taxe vise à garantir que les fortunes supérieures à 100 millions d’euros contribuent au minimum à hauteur de 2 % par an, indépendamment des mécanismes d’optimisation fiscale dont elles bénéficient.
Ce projet divise profondément le paysage politique et économique. Pour ses partisans, il s’agit d’une réforme de justice sociale, visant à réduire les inégalités fiscales et à financer les services publics. Pour ses opposants, c’est une mesure confiscatoire, qui risque de provoquer un exil fiscal massif et de nuire à l’attractivité économique de la France.
Alors que son adoption définitive reste incertaine, notamment face à l’opposition du Sénat, cette taxe soulève plusieurs questions : comment fonctionne-t-elle ? Qui est concerné ? Quels sont ses impacts économiques ? Décryptage d’une réforme qui pourrait transformer la fiscalité des grandes fortunes.
Taxe Zucman sur le patrimoine pour limiter l’optimisation fiscale
Un impôt plancher de 2 % sur les grandes fortunes
La taxe Zucman repose sur un principe simple : garantir que les 0,01 % des Français les plus fortunés paient au moins 2 % de leur patrimoine en impôts chaque année.
Actuellement, les grandes fortunes ont recours à de nombreux mécanismes d’optimisation fiscale, leur permettant de réduire fortement leur contribution au fisc. Grâce à l’utilisation de trusts, de holdings, de plus-values exonérées, certains ultra-riches se retrouvent à payer un taux d’imposition effectif plus bas que des contribuables bien moins fortunés.
Le projet de loi prévoit donc que toute personne disposant d’un patrimoine supérieur à 100 millions d’euros devra s’acquitter d’un impôt minimal correspondant à 2 % de sa fortune nette. Si ce seuil est déjà atteint via d’autres impôts, aucune taxation supplémentaire ne sera appliquée. En revanche, si l’ensemble des impôts payés est inférieur à 2 %, la différence devra être versée.
Qui est concerné par la taxe Zucman ?
Selon les estimations, environ 1 800 foyers fiscaux en France seraient concernés par cette taxe. Il s’agit des grandes fortunes issues de secteurs variés :
- Luxe (propriétaires des groupes LVMH, Kering…)
- Technologie (fondateurs de startups et entreprises du numérique)
- Industrie (groupes automobiles, aéronautiques, pharmaceutiques…)
- Finance et immobilier
Le seuil de 100 millions d’euros englobe la totalité du patrimoine détenu, qu’il s’agisse de parts dans des entreprises, d’actifs financiers, de biens immobiliers, ou encore de placements divers.
Point important : afin de préserver l’investissement productif, les biens professionnels (comme les parts d’une entreprise familiale détenue par son fondateur) pourraient être exemptés de cette taxation.
Un enjeu économique et politique majeur
Un impôt pour réduire les inégalités fiscales
Derrière cette taxe se cache une volonté de rééquilibrer la contribution fiscale des ultra-riches. Selon Gabriel Zucman, les 0,0002 % des Français les plus riches (moins de 400 personnes) paient en moyenne un taux d’imposition effectif de 26 %, contre 46 % pour les 0,1 % les plus fortunés.
Cette disparité fiscale s’explique par le fait que les plus riches ne tirent qu’une faible part de leurs revenus de salaires, qui sont fortement taxés. Ils privilégient au contraire des revenus du capital, souvent exonérés ou soumis à des taux plus faibles.
En imposant un seuil minimum d’imposition basé sur la fortune, la taxe Zucman vise à empêcher ces écarts et à s’assurer que tous contribuent au financement des services publics.

Des recettes fiscales estimées entre 15 et 25 milliards d’euros par an
Selon les projections avancées par la députée Clémentine Autain, cette taxe pourrait générer entre 15 et 25 milliards d’euros par an. Une somme conséquente qui pourrait être utilisée pour :
- Financer la transition écologique
- Rénover les services publics (hôpitaux, écoles, infrastructures)
- Réduire le déficit public
À titre de comparaison, le budget total de l’éducation nationale en France est d’environ 60 milliards d’euros par an.
Faire appel à un conseiller
La taxe Zucman divise profondément le monde politique et économique
Le soutien des écologistes et de la gauche
Portée par le groupe écologiste et social, cette mesure est présentée comme une avancée majeure en matière de justice fiscale. La députée Eva Sas, rapporteure du texte, estime qu’il s’agit d’un outil essentiel pour limiter l’accroissement des inégalités et restaurer une imposition plus équitable.
L’économiste Gabriel Zucman a lui-même salué l’adoption du texte comme un « pas de géant pour la France », qui pourrait inspirer d’autres pays à adopter des mesures similaires.
Taxe Zucman : L’opposition du gouvernement et des milieux économiques
Le gouvernement a fermement rejeté cette taxe, la qualifiant de « confiscatoire et inefficace ». La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, estime que cette mesure pousserait les grandes fortunes à quitter la France, entraînant une perte de capitaux et de dynamisme économique.
Face à cette opposition, l’exécutif a proposé une alternative plus modérée : un impôt minimal différentiel de 0,5 % du patrimoine, qui exclurait les biens professionnels et rapporterait environ 2 milliards d’euros par an.
Les milieux économiques partagent ces préoccupations, craignant une baisse de l’investissement et un impact négatif sur l’attractivité de la France.
L’avenir de la taxe Zucman : quelles perspectives ?
Un passage difficile au Sénat
Bien que la taxe ait été adoptée à l’Assemblée (116 voix pour, 39 contre), son avenir est incertain. Le texte doit encore être examiné par le Sénat, majoritairement contrôlé par la droite et le centre, qui pourrait le rejeter ou l’amender.
Si le Sénat s’oppose au texte, plusieurs scénarios sont possibles :
- Une navette parlementaire, où le projet de loi est modifié et renvoyé à l’Assemblée
- Une commission mixte paritaire, réunissant députés et sénateurs pour trouver un compromis
- Un vote définitif de l’Assemblée, qui peut imposer son choix en cas de blocage
Vers une taxation européenne des ultra-riches ?
Face aux risques d’exil fiscal, certains économistes plaident pour une harmonisation au niveau européen.
L’entrée en vigueur en 2024 d’un impôt mondial minimum de 15 % sur les multinationales, sous l’impulsion de l’OCDE, montre qu’une coordination fiscale internationale est possible. Gabriel Zucman milite pour une mesure similaire concernant les grandes fortunes, afin de limiter la concurrence fiscale entre États.
Conclusion
La taxe Zucman s’inscrit dans une volonté de réduction des inégalités fiscales et de financement des services publics. Pour ses partisans, elle représente un outil permettant de rétablir une imposition plus équitable, en s’assurant que les ultra-riches contribuent au même titre que le reste de la population. Pour ses opposants, elle risque d’entraîner un exil fiscal, une baisse de l’investissement et une perte d’attractivité économique pour la France.
Son adoption définitive dépendra des débats à venir au Sénat et de la capacité du gouvernement à trouver un compromis fiscal acceptable.
Dans ce contexte de mutation fiscale et économique, il est essentiel d’anticiper les évolutions réglementaires et d’adapter sa stratégie patrimoniale en conséquence. Hexa Patrimoine accompagne ses clients dans cette démarche en leur apportant une expertise approfondie en gestion de patrimoine, en fiscalité et en structuration d’actifs. Nos conseillers analysent l’impact des nouvelles réformes et proposent des solutions sur-mesure, afin d’optimiser la gestion de votre patrimoine tout en garantissant une approche pérenne et sécurisée.
Pour en savoir plus sur l’impact de la taxe Zucman et les stratégies à mettre en place, n’hésitez pas à nous contacter pour un diagnostic personnalisé.