Taxe sur le rachat d’actions : comment ça marche ?
L’annonce récente du gouvernement français concernant l’instauration d’une taxe sur les rachats d’actions a suscité un vif intérêt et de nombreuses interrogations dans le secteur financier. Cette mesure, intégrée dans le projet de loi de Finances pour 2025, vise à taxer les opérations de rachat d’actions effectuées par les grandes entreprises françaises. Fixée à 8% du montant de la réduction de capital résultant de l’annulation des actions rachetées, cette taxe devrait générer environ 200 millions d’euros de recettes pour l’État. Cela malgré les montants considérables investis dans ces opérations, qui ont atteint des milliards d’euros pour les seules entreprises du SBF120 en 2023 et 2024.
Taxe sur le rachat d’actions :
La taxe cible uniquement les sociétés ayant leur siège social en France et générant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel hors taxes, limitant ainsi son application aux plus grandes entreprises cotées en bourse. Le gouvernement de Michel Barnier, en adoptant cette mesure, cherche à encadrer une pratique financière courante mais controversée en raison de ses répercussions économiques et financières.
Dans cet article, nous allons examiner en profondeur ce que sont les rachats d’actions, le fonctionnement de la taxe associée, ainsi que les implications économiques et financières de cette nouvelle mesure.
Qu’est-ce que le rachat d’actions ?
Définition et raisons des rachats
Le rachat d’actions, également appelé « buyback » en anglais, est une opération financière où une entreprise rachète ses propres actions sur le marché. L’objectif principal est de réduire le nombre total de parts disponibles, ce qui peut augmenter la valeur des actions restantes.
Plusieurs motifs poussent les entreprises à procéder à des rachats d’actions.
- Augmenter la valeur des actions en diminuant l’offre sur le marché, ce qui peut aussi prévenir les prises de contrôle hostiles en limitant le nombre d’actions disponibles à l’achat.
En outre, si les dirigeants estiment que l’entreprise est sous-évaluée, le rachat d’actions peut démontrer leur confiance dans la valeur de l’entreprise et renforcer le cours de l’action. Une autre raison importante est :
- La valorisation de l’entreprise : en réduisant le nombre d’actions en circulation, le bénéfice par action (BPA) et les dividendes par action augmentent, rendant ainsi l’action plus attractive pour les investisseurs.
Les rachats d’actions peuvent également servir à récompenser les employés en leur offrant des parts de l’entreprise, ce qui peut renforcer leur fidélité et leur motivation.
Taxe rachat d’actions : Impact sur le marché
Lorsqu’une entreprise rachète ses propres actions, plusieurs impacts significatifs se font sentir sur le marché.
- Premièrement, la réduction du nombre d’actions en circulation crée une demande supplémentaire pour les actions restantes, ce qui peut soutenir ou augmenter le cours de l’action. Cette dynamique peut entraîner une hausse du BPA et des dividendes par action, rendant l’action plus attractive pour les investisseurs.
- De plus, l’annonce d’un programme de rachat d’actions est généralement perçue positivement par les marchés boursiers. Par exemple, lorsqu’une entreprise comme Carrefour annonce un programme de rachat important, cela a souvent conduit à une augmentation de son cours de bourse et de ses dividendes, témoignant de la confiance des dirigeants dans la santé financière de l’entreprise. Cependant, l’impact du rachat d’actions sur le cours boursier n’est pas garanti et peut varier en fonction de divers facteurs, tels que la réaction du marché et la perception de la santé financière de l’entreprise.

Le fonctionnement de la taxe sur les rachats d’actions
Calcul de la taxe
La taxe sur les rachats d’actions, introduite dans le projet de loi de Finances pour 2025, est calculée de manière spécifique. Contrairement à d’autres systèmes où la taxe pourrait être basée sur la valeur boursière des actions, la France a opté pour une base d’imposition plus restrictive.
La taxe de 8% ne s’applique pas à la valeur boursière des actions, mais à leur valeur nominale et aux primes d’émission associées. Cela signifie que la base de calcul de la taxe inclut le nominal de l’action augmenté des primes d’émission.
Par exemple, si une entreprise rachète des actions pour une valeur boursière de 500 millions d’euros, mais que la valeur nominale de ces actions est de 10 millions d’euros, la taxe de 8% ne s’appliquera que sur ces 10 millions d’euros, générant ainsi une recette de 800 000 euros pour l’État.
Cette approche rend la taxe moins lourde pour les entreprises, car la base d’imposition est souvent bien inférieure à la valeur de marché des actions, limitant ainsi l’impact fiscal de la mesure.
Applications et exceptions
La taxe sur les rachats d’actions s’appliquera aux entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à un milliard d’euros. Cette mesure vise principalement les opérations de réduction de capital par annulation de titres résultant d’un rachat par les sociétés de leurs propres titres.
Cependant, certaines opérations sont exemptées de cette taxe. Les réductions de capital effectuées pour compenser une augmentation de capital réalisée dans le cadre des dispositifs en faveur de l’actionnariat salarié ne seront pas soumises à cette taxe.
De même, les réductions de capital réalisées pour faciliter une opération de fusion ou de scission par rachat et annulation d’actions sont également exemptées. La taxe s’appliquera rétroactivement à toutes les opérations de rachat de titres effectuées à partir du 10 octobre 2024, date de présentation du projet de loi de Finances pour 2025.
Implications économiques et financières de la taxe
Effets sur les entreprises
L’instauration d’une taxe de 8% sur les rachats d’actions est susceptible de modifier significativement les stratégies financières des grandes entreprises françaises. Une des principales conséquences attendues est une diminution des opérations de rachat d’actions, devenues plus coûteuses en raison de cette nouvelle taxe.
Les entreprises pourraient être incitées à réorienter leur trésorerie excédentaire vers d’autres usages, tels que :
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- l’investissement en recherche et développement,
- l’augmentation des salaires,
- la distribution de dividendes.
Cependant, cette mesure pourrait également entraîner des effets secondaires négatifs :
En effet, les entreprises pourraient choisir de déplacer leurs opérations de rachat d’actions vers des places financières étrangères, comme Amsterdam ou New York, où la fiscalité est plus avantageuse. Cette fuite de capitaux réduirait non seulement l’efficacité de la mesure, mais aussi l’attractivité des marchés financiers français. De plus, la taxe pourrait pénaliser certaines entreprises qui utilisaient les rachats d’actions comme une stratégie pour optimiser leur structure de capital ou pour se protéger contre les rachats hostiles.
Sans cette option, ces entreprises devraient explorer d’autres méthodes, potentiellement moins efficaces ou plus coûteuses, pour atteindre leurs objectifs financiers.
Conséquences pour les investisseurs
La taxe sur les rachats d’actions aura également des implications significatives pour les investisseurs. Les actionnaires individuels et institutionnels, qui bénéficiaient indirectement des rachats d’actions par la valorisation des titres, pourraient voir leur rentabilité d’investissement diminuer si les entreprises réduisent ces opérations.
Les rachats d’actions soutenaient souvent le cours de l’action et augmentaient le bénéfice par action (BPA), ce qui était attractif pour les investisseurs. Les fonds de pension et les investisseurs institutionnels, très présents sur les grandes capitalisations, pourraient également réajuster leurs stratégies d’investissement en fonction de cette nouvelle contrainte fiscale. Ils pourraient chercher à diversifier leurs portefeuilles ou à investir dans des entreprises non soumises à cette taxe, ce qui pourrait affecter la dynamique des marchés boursiers.
En outre, la taxe pourrait influencer la perception des investisseurs sur la santé financière et la gestion des entreprises. Si les entreprises choisissent de maintenir leurs programmes de rachat d’actions malgré la taxe, cela pourrait être perçu comme un signe de confiance dans leur propre valeur et dans leur capacité à générer des profits à long terme. Cependant, si elles abandonnent ces programmes, cela pourrait être interprété comme un signe de faiblesse ou de manque de confiance dans leur avenir financier.
Conclusion
L’introduction d’une taxe de 8% sur les rachats d’actions représente un changement significatif dans la fiscalité des grandes entreprises françaises. Cette mesure vise à encadrer une pratique financière courante, tout en générant des recettes pour l’État.
Cependant, elle pourrait également avoir des effets secondaires tels que la réduction des rachats d’actions, le déplacement des opérations vers des marchés étrangers, et des répercussions sur les stratégies d’investissement des entreprises et des investisseurs. Il sera essentiel pour les entreprises de s’adapter à cette nouvelle contrainte fiscale en réévaluant leurs stratégies financières et en explorant des alternatives pour optimiser leur structure de capital et assurer leur croissance future. Hexa Patrimoine accompagne et conseils ses clients de ces nouveaux changements d’imposition sur les rachats d’actions faites appel à nos conseillers en gestion de patrimoine pour en savoir plus.
FAQ : Taxe sur le rachat d’actions
Depuis le 10 octobre 2024, les entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à un milliard d’euros verront leurs rachats d’actions taxés à un taux de 8%, conformément au projet de loi de Finances pour 2025. Cette mesure vise principalement les annulations d’actions, c’est-à-dire les réductions de capital, à l’exclusion des rachats destinés à la distribution aux salariés. La base de calcul de cette taxe inclut le nominal de l’action augmenté des primes d’émission, avec un taux effectif qui variera selon les primes d’émission cumulées de chaque entreprise.
Effectivement, les rachats d’actions peuvent engendrer des conséquences fiscales. Quand une entreprise rachète ses propres actions, cela peut être considéré comme une cession à des fins fiscales, pouvant aboutir à un gain ou une perte en capital pour les actionnaires.
Ces gains ou pertes sont soumis à l’impôt sur le revenu, tant au niveau fédéral qu’au niveau provincial, comme c’est le cas au Québec. En outre, le projet de budget pour 2025 prévoit une taxe de 8% sur les rachats d’actions, ajoutant ainsi une dimension supplémentaire à la fiscalité de ces transactions.
Pour évaluer l’impôt sur un rachat d’actions, il faut prendre en compte plusieurs éléments :
- Disposition des actions : Le rachat est traité comme une disposition fiscale, pouvant résulter en un gain ou une perte en capital.
- Gain en capital : Calculé par la différence entre le prix de vente et le prix de base rajusté des actions. Ce gain est imposable, avec un taux d’inclusion actuel de 50%, qui pourrait augmenter à 66,67% pour les gains supérieurs à 250 000 $ dès le 25 juin 2024.
- Perte en capital : Si le prix de vente est inférieur au prix de base rajusté, il en résulte une perte, déductible contre tout gain en capital de l’année en cours ou des trois précédentes, ainsi que des années futures.
- Déclaration fiscale : Les transactions de rachat doivent être reportées dans la déclaration de revenus, sur les lignes spécifiques à cet effet.
Il est difficile d’échapper entièrement à l’impôt sur les plus-values générées par la vente d’actions. Toutefois, il est possible d’optimiser sa situation fiscale grâce à des dispositifs tels que le PEA (Plan d’Épargne en Actions) ou le PEE (Plan d’Épargne Entreprise), ou encore en profitant de l’exonération cumulative des gains en capital pour les actions de petites entreprises admissibles. Faites appel à un conseiller